Des fragments du dialogue pour en sentir l’esprit.
– À vous écouter, je perçois davantage un doute qu’un manque de confiance proprement dit. L’imagination est parfois mauvaise conseillère. Elle aime inventer des obstacles à seule fin de se donner des raisons ne pas agir.
(…)
– Je n’ai rien contre les éloges, les remerciements, les célébrations. Les hommes et les femmes sont dévorés par le manque de reconnaissance. Les employés, à tous les niveaux, éprouvent le besoin d’être valorisés. Ces dernières années, le temps passé à rassurer des âmes inquiètes en quête de justification et de validation permanentes a pris des proportions inimaginables.
(…)
– Le mensonge ne fait pas que cacher la vérité. Il s’emploie à cacher l’ignorance, l’inconscience, l’insouciance, l’oubli. En fait ce qu’il redoute, ce n’est pas la vérité. C’est la responsabilité.
– Le mensonge ?
– Tout au fond, oui. Car le mensonge commence par soi-même. À la fin de toutes analyses des échecs d’une entreprise, il y a un mensonge.
– L’ignorance est une forme de mensonge selon vous ?
– Pour un dirigeant. Oui. Cela vaut pour un évêque, comme pour un directeur de banque ou un président de club sportif. Il a la capacité de tout savoir. Il doit donc tout savoir. Il doit savoir ce qu’il doit savoir. Il ne pas peut dire qu’il ne savait pas. C’est de l’indignité.
(…)
– Un dirigeant, quel qu’il soit, financier, commercial, juridique, informatique ou RH, qui ne parle qu’à partir de sa fonction pour ne pas dire de son métier, n’a pas l’étoffe d’un CEO.
– J’ai la même opinion.
– Tous ceux qui ne trouvent leur légitimité que dans leur expertise devraient rester des experts et ne pas devenir des dirigeants.
– Je suis convaincu qu’il y a quelque chose en vous. Je le sens. Mais je ne sais toujours pas ce que c’est. Et cela maintient ma curiosité en éveil.
– Vous avez un doute ?
– Peut-être mais pas celui que vous croyez.
– Sur ma crédibilité et ma légitimité ?
– Pas l’ombre.
– Mais alors de quel doute s’agit-il ?
– C’est un doute professionnel. De principe. Qui ne tient ni de la méfiance ni du soupçon. Et encore moins de l’incertitude ou de l’hésitation.
– Mais qui est quoi ?
– De l’incrédulité.
– Ah oui. Évidement. Compte tenu de votre attitude à l’égard des croyances.
– Je crois que votre formation est un atout. Mais je ne vois pas en quoi.